Entre Lozère et Jura (14)
(Cet article aurait pu s’appeler : “La route des fromages” (mais ça sonne moins sportif…))
8 au 28 juillet 2019
Nous repartons de Lozère après un week-end de mariage festif et avec l’idée de virer le cap au nord. Mais nous nous dirigeons tout d’abord vers le sud pour passer 5 jours avec Noélie, Estelle et Flavien dans les gorges de la Dourbie, à côté de Millau.
Une petite étape avec les frères et sœurs qui fait plaisir à tout le monde et qui sent bon les vacances ! Parmi les pépites de ces quelques jours, on retiendra un bon orage, du grand soleil, de belles randonnées, des baignades dans les gorges de la Dourbie et un quinzième anniversaire mémorable pour Flavien !
Un gros bisous aux frères et sœurs que nous ne reverrons sûrement pas avant le printemps 2020 et nous nous remettons à pédaler à partir de Millau. Même si cela ne nous facilite pas la tâche, nous décidons de passer par les plateaux de l’Aubrac, entre 1000 et 1200 m d’altitude, pour retrouver un peu de fraîcheur et pour nous régaler de ces paysages.
Les plateaux de l’Aubrac sont dépaysants et les prés où pâture la célèbre vache du même nom sont partout autour de nous. Au bout d’un moment, cela donne l’impression d’assister à une “monoculture de vaches” en quelque sorte. Nous croisons aussi beaucoup de tracteurs aux proportions impressionnantes sur les routes, en effet, nous sommes tombés en pleine saison des foins et c’est l’effervescence pour terminer la récolte au plus vite.
Les kilomètres filent et nous redescendons sur l’Auvergne où notre premier arrêt sera pour se ravitailler en bons fromages. On tombe par hasard sur le magasin de vente des fromageries du coin : tomme fraîche, Campalou, Chapelou, Artison … il y en a pour tous les goûts et on ne peut pas faire plus local !
Arrivés à Clermont-Ferrand le 17 juillet, nous passons chez Gabriel, un ami de Corentin et profitons de la journée du lendemain pour faire un tour dans la ville. Le temps de pique-niquer avec une copine de Toulouse et hop ! On reprend la route vers l’Allier. La portion au nord de Clermont-Ferrand n’est pas des plus passionnantes : le relief est très plat et la terre est très bonne ici alors le paysage se résume à une succession de champs de céréales moissonnés et de maïs irrigué. Ça paraît complètement fou de pomper autant d’eau alors que la région a rarement connu un tel déficit hydrique! Pour se redonner un peu de pêche malgré cette pauvre diversité végétale, on allume la radio sur le tandem tout en enfilant les kilomètres.
Les 19 et 20 juillet, nous nous arrêtons à la ferme du Cri dans le nord de l’Allier, où deux grand oncles de Corentin produisent poulets de chair et agneaux en bio. En ce mois de juillet, les prés sont malheureusement jaunis par la sécheresse et les brebis nourries au foin et à la paille, faute de mieux. Bertrand et Jean-Marie sont installés depuis 30 ans et semblaient avoir trouvé un bon équilibre pour produire sur la ferme presque 100% de l’alimentation des animaux. Mais depuis quelques années, le climat change la donne et le modèle ne tient plus. Alors beaucoup de questions se posent : Quel sera l’avenir de ce secteur aux sols pauvres et peu portants en hiver ? Comment vivre d’une activité agricole avec des étés toujours plus chauds, des hivers long et des précipitations assez faible mais surtout très variables ?
Cette petite pause dans l’Allier fait du bien avant 3 jours vélo sous la canicule pour rejoindre Chalon-sur-Saône et profiter du festival d’arts de rue qui tombe pile au bon moment pour nous !
Dernière portion de route jusqu’à la ferme de la Batailleuse dans le Jura. Les températures redescendent un peu et enfin on respire ! On a même droit à de beaux épisodes pluvieux après avoir passé Lons-le-saunier. C’est pas toujours pratique en vélo mais cette pluie était tellement attendue qu’on la reçoit avec soulagement.
A deux reprises lorsque nous sommes arrivés dans le Jura, nous nous faisons aborder par des inconnus qui nous proposent spontanément l’hospitalité et un petit coin au sec. C’est ainsi que nous avons passés une super soirée et une nuit dans le village de Billecul, chez des jeunes en colocation avec qui la mayonnaise a bien pris ! À tel point que nous ne reprenons la route qu’à 11h le lendemain matin ! Et nous nous remettons à pédaler sous la pluie quand, au bout de 2 heures seulement, deux amis nous abordent pour nous inviter de nouveau à manger au sec. Pile au moment ou nous allions justement nous arrêter sous un abris pour un rapide et humide pique-nique ! De la chance ? Le hasard ? Ou simplement une grande hospitalité Jurassienne ? On ne le saura jamais mais cette portion de route restera sûrement dans les pépites de ce périple en tandem !
Et c’est ainsi que nous arrivons à la ferme de la Batailleuse !
By Auré